dimanche 26 septembre 2010

De Koudougou à Bissanderou



Jeudi 23 septembre 2010 :
Il y a dix jours, je quittais Koudougou munie d'une hache, d'une pierre noire anti-scorpion, d'une glacière et d'un sac plein de provisions!
C'est que j' imaginais la brousse comme un milieu très très hostile!
Joseph m'a accompagnée dans ce périple : il s'en est fallu de peu pour que le car de 10h00 nous laisse en plan car nos bagages, trop encombrants, ne trouvaient pas de place. On les a finalement hissés sur le toit, avec une multitude d'autres colis.
LYSA transport, c'est le nom de la compagnie avec laquelle nous sommes partis. STAF, sur le trajet Ouaga-Koudougou, passe pour un bon élève à côté. Ils font l'appel avant le départ et n'acceptent pas plus de voyageurs qu'il n'est possible d'en faire assoir. Pas de comparaison possible dans le cas présent car pour Dédougou (le terminus), on sort les tabourets (comparables à nos strapontins), on surcharge en plaçant sur les genous enfants, poules ou bagages et, accessoirement, on fait le trajet debout. Ce fut mon cas et celui de Rasheda, une bénévole Kenyane avec laquelle j'ai sympathisé durant le trajet. Elle bosse pour « Peace Corps », grand réseau d'espions américains sous couverture humanitaire d'après Boniface!!! Quoi qu'il en soit, à l'écouter, le Kenya, ça a l'air très chouette et sa mission auprès des femmes burkinabé intéressante.
De nids de poule en nids de poule, nous progressions donc lentement vers Bissanderou avec le Comique propre à cet incroyable pays et capable de détendre n'importe quelle situation. Ainsi, les gens se marrent en écoutant l'un parler polygamie, le même contant une histoire sur le premier habitant sur la lune (un burkinabé, cela va sans dire), puis franche rigolade à nouveau quand deux gosses tentent de jouer les coupeurs de route en improvisant une barrière avec une corde.
Passé le fleuve Mouhoun, il a fallu rappeler au chauffeur que notre voyage cessait au niveau de l'école de Bissanderou. Là, une douzaine d'individus de tous âges nous attendait, aidant à réceptionner nos bagages et à les embarquer illico presto sous le bras ou sur la tête.
Emue par l'accueil, je n'ai pas été fichue d'allumer l'appareil photo mais les images de cette arrivée resteront très longtemps en tête...
Plus vive émotion encore lorsque, atteignant la cour du « centre d'accueil », je vis tout plein de villageois se lever d'un bloc et applaudir! Vous imaginez un peu? Chef et délégué du village, président des parents d'élèves, directeur et enseignants mais aussi des hommes et femmes qui ont trouvé le temps de quitter leurs activités, leurs champs en plein hivernage pour venir m'accueillir.
Tous face à moi, sous un bel arbre, le raisinnier, au centre de la cour. Tour à tour, les personnalités importantes ont pris la parole, Joseph le directeur ou encore le délégué du village servant d'interprètes. On m'a remercié mille fois, béni tout autant, souligné mon courage (mais je n'ai encore rien entrepris!!!) ravis d'avoir fait le choix de leur village.
J'ai du à mon tour dire quelques mots. J'ai reçu deux poulets vivants, des oeufs de pintades et par la suite un autre poulet, des courgettes, du maïs... Bon sang, quel accueil! Et puis un groupe de musiciens traditionnels avec flûtes et loungâ ont déambulé puis ont causé.
Je m'imaginais arriver accompagnée d'un brouhaha d'enfants scandant des « Nassara », « La blanche » à tout va comme c'est souvent le cas à Koudougou. Au lieu de ça, je me suis retrouvée devant une assemblée solennelle, les yeux et les oreilles grands ouverts, pleine d'attentes.
Les jours qui ont suivi, j'avais moi aussi les yeux et les oreilles en alerte. J'observai Moussa le gardien tuer le poulet, Blandine et sa soeur préparer le susdit poulet, manier la hâche pour couper le bois, apporter l'eau dans de grandes bassines...
J'ai assisté à un véritable défilé : des vieux venus saluer Joseph, de jeunes curieux venus prendre un premier cours improvisé, des adultes voulant déjà s'inscrire au cours d'alphabétisation prévus en cours d'année...
La nuit tombée, on entend les enfants jouer à la lueur du clair de lune. Dès l'aube, le village s'éveille. J'adore la douche en plein air, les champs à perte de vue...
A ce jour, je n'ai pas encore dormi dans une case traditionnelle : il va me falloir choisir entre la Peul, la Mossi ou la Gourounsi. A suivre...






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